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Quand la braderie de Lille faisait mai 68

Dans la foulée de mai 68, les militants de tous bords ont donné une nouvelle jeunesse à une braderie de Lille qui s’essoufflait. Ce fut le temps des pétitions, de la fête puis des radios libres.

La porte de Paris, secteur traditionnel des associations lors de la Braderie de Lille

Si la Braderie a perduré au fil des siècles, c’est qu’elle s’est toujours adaptée à son temps. Dans l’après-guerre, elle est à l’image de la France en reconstruction : avide de consommation. Moins festive et toujours plus commerçante, elle a perdu son âme selon les commentateurs de l’époque.
 
Mai 68 change la donne. Les événements n’ont pas d’impact direct sur la braderie de septembre. Mais c’est une jeunesse désoeuvrée et militante qui envahit la braderie. Les journalistes Michel Marcq et Jean-Pierre Largillet saluent en 1970 « ces jeunes qui sauvent la braderie. Ils la libèrent depuis quelques années de ce marché pour forains qui n’avait plus de braderie que le nom. En descendant dans la rue pour y passer une folle nuit, ils recréent à Lille un authentique folklore » (La Voix du Nord).
 
Les loisirs sont encore rares pour la jeunesse lilloise. Dans la nuit du premier dimanche de septembre au lundi midi, elle fait la fête au milieu des pulls en shetland et des vendeurs de fromages artisanaux. Les préoccupations de sécurité sont bien moindres qu’aujourd’hui et les débordements ne sont pas rares.

Une braderie militante

Durant les années 1970, la braderie constitue une tribune de premier ordre pour les militants de tous poils, de l’extrême gauche à l’extrême droite, en passant par les tiers-mondistes, les écologistes et les catholiques intégristes. On pétitionne à tout va, on donne de l’argent pour aider l’Afrique, on peut même rejoindre un Groupement d’études des OVNIS.
Les leaders nationaux des partis politiques deviennent eux aussi des habitués de la braderie. Les élus lillois ont gardé l’habitude d’effectuer ce jour-là leur rentrée politique.

Le temps des musicos

La braderie accueille pendant les années 70 de nombreux podiums et concerts organisés par les radios nationales issues de l’ORTF (démantelée en 1974). C’est aussi un week-end de fête pour les radios libres. Interdites de diffusion jusqu’en 1981, elles bénéficient lors de la braderie d’une tolérance. L’une des plus connues de ces radios locales est Radio Lille 80. 

Le début de la notoriété à Paris

En 1975, le réalisateur et animateur Jean-Christophe Averty, venu visiter la braderie de Lille, repart sous le charme. « Lille mérite une réputation nationale », déclare-t-il. C’est le début de la notoriété extrarégionale, amplifiée encore en 1981 par la nomination d’un Premier ministre lillois. Pierre Mauroy, qui ne rate jamais une braderie, entraîne à sa suite une troupe de journalistes parisiens qui chanteront ensuite, toujours plus fort, la convivialité et l’ambiance de la grande braderie.
 
D’après « La Braderie, une histoire lilloise », par Elodie De Vreyer, éditions Ouest-France.

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