Lille, ambassadrice du don d’organes

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Chaque jour, deux à trois personnes décèdent, en France, faute d’organes. Actuellement, elles sont plus de 20 000 dans notre pays à attendre un cœur, un foie, des poumons ou un rein. 

En signant, ce 23 juin, la charte "ville ambassadrice du don d'organes", la Ville, en lien avec le Collectif Greffes+ (*) et le CHU de Lille, s’engage à l’afficher, via des panneaux, dans plusieurs lieux municipaux. 

Pour favoriser la communication autour de ce sujet, elle prévoit aussi une sensibilisation lors d’événements sportifs ou culturels, auprès des habitants avec l’appui des acteurs de terrain qui travaillent sur la santé, dans les écoles et les instances de démocratie participative grâce à des interventions, auprès de ses agents… 

"Don de vie"

« 80% des Français sont favorables au don d’organes, mais moins d’un sur deux a fait part de son accord à ses proches », remarque Arnaud Deslandes, maire de Lille. « En devenant ambassadrice, la Ville souhaite que les intentions louables dans les sondages se concrétisent dans les faits ».

 « Un don d’organes, c’est un don de vie », résume Frédéric Boisson, directeur général du CHU de Lille, premier centre préleveur d’organes en France, avec une centaine d’interventions par an. 

Il ajoute : « qu’une ville, proche de ses citoyens, s’engage à être porte-parole de cette cause, c’est important ». 

La charte a aussi élargi son champ d’action, en mobilisant d’autres partenaires comme des pharmacies, des clubs sportifs, des établissements scolaires…

Par V.P. 

(*) ADOT 59, Cardio Greffes HDF, Transhépate HDF, France Reins NPDC, Diabète Recheche Greffe

Halte aux idées reçues

 La loi prévoit que tout le monde est donneur, sauf refus exprimé de notre vivant. Un registre existe pour cela mais peu de gens en ont connaissance et l’utilisent. 

« La façon la plus courante de dire oui ou non, c’est d’en parler avec ses proches », remarque le docteur Strecker, anesthésiste-réanimateur. Il coordonne cette mission pour s’assurer qu’un prélèvement, s’il se présente, pourra être effectué 24h/24, 365 jours/365. 

Il poursuit : « une famille confrontée à une mort brutale préfère souvent dire non quand elle ne connaît pas la volonté du défunt ». 

« Pour pouvoir prélever un organe sur un patient, il doit être en état de mort encéphalique, c’est-à-dire que le cerveau s’est arrêté de fonctionner, mais que les organes peuvent être maintenus en vie pendant encore 24 à 48 heures », explique-t-il, « une situation qui n’est possible qu’en milieu hospitalier, essentiellement lors d’un accident vasculaire cérébral ou d’un décès brutal comme un accident de voiture ou un suicide ».

Âge, santé, religion ?

« Beaucoup d’idées reçues continuent de circuler liées à l’âge, à la religion, ou encore au fait que le corps serait mis en charpie pour récupérer les organes », remarque Éric Buleux-Osmann, toujours en vie aujourd’hui grâce à une greffe du foie, en urgence absolue, voilà huit ans.

Bien sûr, les médecins, spécialement formés, portent une attention particulière au corps, comme pour toute intervention, et avec le respect de la dignité du patient qui a bien voulu confier ses organes. 

Rappelons aussi que l’âge ou l’état de santé n’empêchent pas un don. La plus ancienne défunte avait 96 ans lorsqu’elle a donné deux reins qui ont ainsi sauvé deux vies. 

Et un problème de cœur n’empêche pas de donner son foie, par exemple. Quant aux religions, elles se sont toutes prononcées afin que soit faire le nécessaire pour sauver une vie.

Par Valérie Pfahl