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Mystraw, le rythme dans la bouche

Son instrument, c’est sa voix, qu’il module avec la langue, la bouche, le nez, le souffle. Rencontre avec Mystraw, jeune Lillois, artiste professionnel du « human beatbox ».

@ Clément Landouzy

Si vous dites le P en pinçant les lèvres, vous entendrez la grosse caisse, et si vous optez pour le T en glissant la langue sous le palais, vous obtiendrez le charleston. Cependant, il vous faudra de l’entraînement pour que vos sons ressemblent à du « human beatbox ».

En 2020, pendant le confinement, Mystraw avait réalisé une vidéo avec quelques conseils pour s’essayer à cet art d’imiter des bruitages, des percussions ou encore de la musique avec sa bouche.

Lui s’entraîne chaque jour, depuis plus d’une dizaine d’années. 

Une première découverte

Dans sa salle de bain, dans le métro, dans la rue, « j’ai la musique dans la tête et l’instrument dans le nez, la bouche et la gorge ». Et pour donner de la résonance aux sons, il est nécessaire de travailler la respiration, le souffle, les muscles faciaux. 

Mystraw, de son vrai prénom William, a découvert la discipline totalement par hasard, en tombant sur un sketch, à la télé, d’Anthony Kavanagh, humoriste et chanteur canadien. Du haut de ses huit ans, il décide d’en faire un passe-temps agréable.

Un défi personnel

Puis, alors qu’il a une quinzaine d’années, il tombe à nouveau sur un programme TV qui auditionne un candidat beatboxer. « À l’époque, sa prestation a fait un véritable buzz », se souvient Mystraw, « ça m’a donné envie de m’entraîner davantage, je me suis alors lancé le défi personnel d’être le plus fort ». 

De plus en plus de vidéos circulent sur le web, l’adolescent d’alors s’y met à fond. « En 2008, en participant à ma première battle, je me rends compte que le chemin est encore long ». 

En parallèle du lycée, avec l’idée de se lancer dans des études de médecin, Mystraw fait des rencontres de pointures de la discipline et met beaucoup d’énergie à progresser.

Des battles à la Troupe du HHG

Cette motivation le mène aux Championnats de France, à plusieurs reprises. Sont jugées les qualités de « human beatbox », bien sûr, mais associées à la créativité, à la technique, à la présence scénique et aux réactions du public. 

En 2013, Mystraw intègre la Troupe du Hip Hop Games, premier concept qui propose un jeu d’improvisation en danse hip hop. Il y joue les rôles de beatboxer et DJ, allant jusqu’à adapter l’art du beatbox à la danse pour traduire le mouvement en « sons ». 

De la France au Canada, ou de la Hollande à l’Afrique, la Troupe voyage et exporte son projet autour du monde.

Sur scène et auprès d’un large public

Le jeune Lillois assouvit aussi une passion pour le groove et la soul avec Al20 qu’il a rencontré lors d’un rassemblement mêlant les cinq disciplines du hip-hop (danse, djing, graff, rap et beatbox). Ils ont créé un duo, « Pour l’amour du groove », qui se produit désormais sur scène.

Mystraw a finalement quitté les bancs de la fac pour vivre de son art. Reconnu par ses pairs, il aime l’inventivité, les rythmes, les textures et les arrangements musicaux que lui offrent le « human beatbox ». 

Il aime aussi transmettre, en tant qu’intervenant dans des structures culturelles, des écoles ou encore des établissements pour personnes âgées. Et ne rate pas une occasion de participer à des festivals, comme celui du Hip Hop Games, en lien avec la compagnie Art-Track à laquelle Mystraw est associé.

Par Valérie PFAHL



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