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La longue route du sport féminin

L’histoire de la place des femmes dans le sport est étroitement liée à la place que la société (et notamment les hommes) leur a donné. Petit tour de quelques grands moments.

Il aura fallu des siècles et des siècles pour que les femmes trouvent de façon enfin légitime leur place dans le monde du sport !

Commençons ce petit tour d’horizon, non exhaustif, en 776 avant notre ère. C’est l’année de la création officielle des premiers Jeux olympiques, et ils ne présentaient alors aucune épreuve sportive féminine. 

Et ce n’était pas tout : une femme mariée qui entrait dans le stade, même en spectatrice, était immédiatement condamnée à mort !

Gladiatrices à Rome

En 396 avant J.-C., Kallipateira est la première femme à y pénétrer. Cette jeune veuve courageuse accompagne son fils qui participe au concours. Déguisée en entraîneur, elle dévoile son genre féminin en perdant malencontreusement ses vêtements. 

Elle n’a pas été punie par considération pour son père et ses frères, eux-mêmes grands athlètes.

Durant l’Antiquité, en Grèce, si les femmes étaient interdites de stade, elles pouvaient néanmoins pratiquer une activité physique entre elles. 

Et du côté de Rome, elles avaient même le droit d’assister aux tournois sportifs exclusivement masculins, de pratiquer des activités athlétiques, et même d’être gladiatrices !

Très long passage à vide ! 

Au Moyen âge, gros bond en arrière pour toutes les femmes de la terre ! Leur corps devient tabou et leur rôle est essentiellement de procréer. 

Mis à part l’équitation, puis le jeu de paume, dans les milieux aisés, la pratique sportive féminine est quasi inexistante. 

Et cela va durer… jusqu’au début du XIXe siècle !

Disciplines appropriées ?

Rappelons aussi qu’aux Jeux olympiques modernes, fondés par Pierre de Coubertin en 1896, les femmes ne sont toujours pas admises. Elles sont jugées « inaptes aux rigueurs de la compétition ».

Quatre ans plus tard, le CIO leur ouvre la porte à deux épreuves dans des disciplines « appropriées », le tennis (première championne olympique, l’anglaise Charlotte Cooper) et le golf (première championne olympique, l’américaine Margart Abbot). 

Elles ont aussi le droit de participer aux concours mixtes de voile, de croquet et d’équitation.

Puis, en 1912, elles sont admises aux compétitions de gymnastique et de natation, considérées comme « nobles et gracieuses », et ce malgré le scandale provoqué… par leurs tenues vestimentaires jugées « inconvenantes ».

« Exhibition » et « masculinisation »

Car au début du XXe siècle, scientifiques, politiciens et autres hommes d’influence dénigraient « l’exhibition » du corps féminin.

Il était aussi question de « masculinisation » de la femme, le sport véhiculant un caractère de force, de virilité, de domination.

Ces bien-pensants considéraient toujours que la place d’une femme dans la société était au foyer. Et que les efforts ou les chocs sportifs pouvaient même les rendre infécondes. 

Ou encore que l’esprit de compétition développait une… nervosité néfaste à l’éducation de leurs enfants.

Alice et les premiers JO féminins

Parmi les pionnières du sport féminin au siècle dernier, un nom est incontournable, celui d’Alice Milliat. 

Nageuse et canoéiste, elle crée la fédération des sociétés féminines sportives de France en 1917, puis la fédération sportive féminine internationale deux ans après. 

Bravant l’opposition d'une grande majorité d'hommes et leur discours toujours misogyne, elle organise en 1922 les premiers Jeux féminins. 

C'est après la Seconde Guerre mondiale que le sport féminin va pouvoir se développe progressivement, avec l’admission des femmes dans toutes les disciplines, y compris le rugby ou la boxe, « bastions » masculins par excellence.

Courir le marathon

Malgré cela, la place des femmes reste sujette à des réticences et à des clichés.

En 1967, l’américaine Kathrine Switzer est la première femme qui réussit à courir le marathon de Boston avec un dossard. Mais d'abord bousculé par l'organisateur lui-même pendant la course, elle est finalement disqualifiée à l’arrivée. 

À l’époque, pas si lointaine, il est encore de coutume d’entendre qu’une femme n’est pas assez endurante pour courir, et que cette pratique pourrait faire… tomber son utérus. 

Cinq ans plus tard, le marathon de Boston est officiellement ouvert aux femmes. Et il faudra attendre 1984 pour assister au 1er marathon féminin aux J.O..

Grandes avancées mais…

Même si, dans notre société occidentale, il paraît aujourd’hui impensable d’exclure les femmes du sport (de loisirs ou en compétition), des défis restent toujours à relever, au niveau des différences de salaires ou encore de la médiatisation. 

Exemple : une étude de l’Arcom, en 2023, révèle que le volume-horaire de compétitions sportives féminines sur les chaînes de télévision française a augmenté de de 50% entre 2018 et 2021.

Mais il ne représente toujours que 4,7% du total (75,2% pour les sports masculins et 20,1% pour les épreuves mixtes comme les J.O.). Coupe à moitié vide ou à moitié pleine ?

Notons quand même une confirmation du CIO : les Jeux de Paris 2024 vont être les premiers à afficher une stricte parité entre les femmes et les hommes, parmi les 10 500 athlètes qualifiés.

Par Valérie Pfahl

Aujourd'hui, que fait la Ville pour le sport féminin ? Réponse ici.



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