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Pourquoi la Grand'Place est minérale

C’est un reproche qui a pu, et peut toujours, lui être fait, souvent pour déplorer l’absence de présence végétale. Explications.

La Grand'Place de Lille (photo été 2025)

Y aurait-il une, voire plusieurs raisons à la minéralité de la Grand’Place ?

Premier constat : sous la Grand'Place se trouve un parking. Cette présence souterraine est à prendre en compte puisqu’un arbre a besoin de terre profonde pour son système racinaire. Pour pouvoir apporter une touche végétale et créer un îlot de fraîcheur, la Ville installe donc, depuis 2011, une trentaine de pots de végétaux de mai à fin août.

Rappelons aussi que la Grand’Place a été créée au Moyen Âge, pour que puisse se développer le commerce, alors en plein essor (lire notre article sur l'histoire de la Grand'Place). L'ambition était de préserver une grande surface pour les foires et les marchés, dans un espace urbain contraint par les fortifications. C’était aussi de faciliter l’afflux et la circulation des marchandises telles que les grains, le vin, le cuir, le sel ou encore les draps.

En plus de cette activité marchande, la place accueillait des processions religieuses, des célébrations festives et des défi lés militaires. Et, lorsque la Grand Garde (aujourd’hui Théâtre du Nord) a été édifiée pour loger les troupes royales de Louis XIV, la Grand’Place était un poste d’observation idéal pour surveiller les Lillois qui auraient été réticents à devenir Français ! Autant de raisons de ne pas l’encombrer avec des arbres !

De plus, « elle n’avait alors pas lieu d’être plantée car la nature était déjà aux portes de la ville », rappelle Didier Joseph-François, conseiller municipal chargé du patrimoine et architecte
de formation, « Lille était entourée par la campagne, puis la construction des fortifications a entraîné aussi le développement d’espaces verts, par conséquent, la place de la nature en centre-ville n’était pas une question ».

Chez nos voisins aussi

Bien sûr, cette approche a considérablement évolué, avec l’industrialisation, le développement de nouvelles villes alentour, puis avec un tournant lié aux préoccupations environnementales, amorcé dans les années 1970, accéléré dans les années 2000.

La nature en milieu urbain permet de préserver la biodiversité et de jouer un rôle de régulateur thermique. Elle répond également à un besoin des habitants. Alors, Lille plante des arbres et
 crée des espaces de verdure dans tous ses quartiers. Mais la Grand’Place demeure… minérale. Un choix assumé, dû à l'existence du parking déjà évoqué, et aussi parce qu'elle se caractérise justement par cet aspect, témoin de l’Histoire de notre territoire, qui a été flamand avant d’être français.

Cette minéralité se retrouve d’ailleurs dans d’autres cités de Belgique ou des Pays-Bas, puisque, à l’origine, ces places abritaient le plus grand marché de la ville, d’où l’appellation « grote markt » en néerlandais. ●

PAR VALÉRIE PFAHL

> À Lille aussi : la Grand'Place piétonne en 2026


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